Au cœur des Cayes, ce bâtiment à l’architecture ambitieuse devait être un symbole de développement, d’attractivité et de modernité. Un marché touristique, construit pour accueillir visiteurs, artisans et entrepreneurs locaux. Mais les portes n’ont jamais été ouvertes, et l’édifice se dresse aujourd’hui comme un monument du gâchis institutionnel.
Ce lieu, censé incarner le renouveau économique du Sud, est désormais une coquille vide — un projet né d’une belle intention mais mort d’une gestion défaillante. Peinture écaillée, structures fragilisées, herbes folles : chaque détail raconte l’histoire d’un pays qui bâtit sans planifier, qui dépense sans entretenir, qui promet sans suivre.
Derrière cette façade close, c’est tout un modèle de gouvernance qui se fissure. Des millions investis dans des infrastructures sans stratégie d’exploitation. Des bâtiments “inaugurés” mais jamais fonctionnels. Des équipements publics laissés à l’abandon pendant que les jeunes chôment et que les marchés informels s’étendent dans la rue.
Ce marché touristique des Cayes n’est pas un cas isolé : il illustre une dérive nationale, celle de projets sans âme, construits pour la photo, jamais pour le peuple. Il est urgent de repenser la logique du béton vide. L’investissement public doit être mesuré à son impact humain, pas à la taille des murs.
Haïti n’a pas besoin de monuments d’oubli, mais d’espaces vivants — où les idées, les talents et les rêves trouvent enfin refuge.


