By Chaque fois que résonne la chanson Au Bord de l’eau du chanteur français Gérald De Palmas, mon esprit replonge aussitôt dans les comptines de mon enfance. Je revois ces rondes d’enfants, ces voix légères entonnant :
« Au bord de l’eau, un bal fut annoncé… Hélène demande à sa mère pour y aller… »
Ces chansons, simples en apparence, portaient toujours un message. Derrière la mélodie enfantine se cachaient des leçons de vie, des avertissements déguisés en refrains. Hélène, désobéissant à sa mère pour aller au bal, finissait par tomber dans l’eau — métaphore limpide des dangers de l’imprudence et de la désobéissance.
Récemment, grâce à deux amies d’un groupe WhatsApp, j’ai redécouvert une compilation des rondes d’enfants réalisée par Raoul TiRa Denis. Un vrai trésor de mémoire ! Ces chansons rappellent les après-midis insouciants des jeux d’enfants : sauts à la corde, marelles, kay, osselets ou pinch.
Certaines comptines, comme Ti Zwazo Kote Ou Prale, invitaient déjà à la prudence. Le groupe vocal ROBSY en a d’ailleurs proposé un arrangement remarquable, plein de justesse et de douceur. D’autres airs, plus piquants, reflétaient la réalité sociale :
« La plupart de mes amies, ce sont des hypocrites… »
Une vérité crue, mais nécessaire, pour enseigner très tôt aux enfants la complexité des relations humaines. Même le groupe féminin de konpa RISKÉ a repris ce thème dans sa chanson Zanmi, en y insufflant toute la chaleur et l’authenticité du rythme caribéen.
Ces mélodies populaires, transmises de génération en génération, sont bien plus que de simples souvenirs : elles constituent une école de vie. Comme l’a si bien dit Amadou Hampâté Bâ :
« Quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ; mais quand il chante, c’est une école qui s’ouvre. »
Nos comptines, elles aussi, chantent encore — pour que jamais ne se referme l’école de notre mémoire collective.
