Île-à-Vache : quand le tourisme s’éteint, la population lutte pour survivre 🇭🇹🌴
Une mer turquoise, un sable fin bordé de cocotiers et d’amandiers… L’Anse-à-l’Eau Beach House, sur l’Île-à-Vache, évoque une carte postale caribéenne idyllique. Pourtant, derrière ce décor paradisiaque, la réalité est bien différente : l’île, autrefois animée par le tourisme, fait face à un déclin qui affecte profondément ses habitants.
Parmi les quatre hôtels historiques de l’île, le Beach House est aujourd’hui le dernier encore en activité, alors que l’insécurité, la crise économique et les conséquences de la pandémie ont entraîné la fermeture des autres établissements.
« La fermeture des autres hôtels ne nous a pas apporté plus de clients », explique Élie Czaykowsky, propriétaire de l’Anse-à-l’Eau Beach House. « Je ne vis pas de l’hôtel, c’est l’hôtel qui vit grâce à moi », ajoute-t-il, soulignant les sacrifices nécessaires pour maintenir l’établissement ouvert.

Un impact socio-économique majeur
Les 16 000 habitants de l’île dépendent en grande partie du tourisme, complété par l’agriculture, la pêche et le commerce local. Avec la chute du nombre de visiteurs depuis 2022, beaucoup de jeunes, naguère guides touristiques ou employés d’hôtels, ont perdu leur source de revenus. Certains se tournent désormais vers la pêche ou l’agriculture pour subvenir à leurs besoins.
Altema Roldy, un entrepreneur local, confie : « J’avais une maison d’accueil, Kay Piman Bouk, qui recevait une dizaine de touristes par mois. Cela fait trois ans que j’ai dû fermer à cause de l’absence de visiteurs. » D’autres petites structures témoignent du même déclin : entre 2020 et 2024, les maisons d’accueil ont enregistré une chute drastique du nombre de visiteurs, certaines tombant à moins de dix par an.
Les grands hôtels abandonnés
Les prestigieux Port Morgan et Abaka Bay sont désormais laissés à l’abandon, envahis par la végétation, tandis que l’île accueille des déplacés fuyant l’insécurité dans le pays. Le maire, Jean Yves Amazan, souligne que cette situation fragilise l’économie locale : « Les fruits de mer, les produits agricoles et artisanaux sont de plus en plus difficiles à écouler. Le chômage augmente avec la fermeture des hôtels. »
Une lueur d’espoir avec Anse-à-l’Eau Beach House
Malgré la raréfaction des visiteurs, Élie Czaykowsky maintient son hôtel ouvert, financé par sa retraite et employant neuf personnes pour dix chambres. « Parfois, nous restons deux mois sans client, mais je garde espoir et je souhaite doubler notre capacité d’accueil à terme », explique-t-il.
L’île reste l’un des joyaux touristiques de la Caraïbe, mais le retour des visiteurs dépend étroitement de l’amélioration de la sécurité et de la stabilité économique, avertit le magistrat Jean Yves Amazan. Sans interventions concrètes, la condition socio-économique des habitants risque de se détériorer davantage, retardant la reprise du tourisme et la relance de l’économie locale.


